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SIMBAD

Le voyage pour moi ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comble de connaitre sans cesse autre chose. C'est demain, éternellement demain ...

Tu es venue - Paul Eluard

Publié le 8 Février 2011 par SIMBAD in POETES & POEMES ( Poetë & Poezi )

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TU ES VENUE

Tu es venue le feu s'est alors ranimé
L'ombre a cédé le froid d'en bas s'est étoile
Et la terre s'est recouverte
De ta chair claire et je me suis senti léger
Tu es venue la solitude était vaincue
J'avais un guide sur la terre je savais
Me diriger je me savais démesuré
J'avançais je gagnais de l'espace et du temps
J'allais vers toi j'allais sans fin vers la lumière
Là vie avait un corps l'espoir tendait sa voile
Le sommeil ruisselait de rêves et la nuit
Promettait à l'aurore des regards confiants
Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard
Ta bouche était mouillée des premières rosées
Le repos ébloui remplaçait la fatigue
Et j'adorais l'amour comme à mes premiers jours.

Paul Eluard
La mort, l'amour, la vie
(1951)

*   

Trois ans après le décès de Nusch, Eluard vient de faire la connaissance de Dominique, "elle est venue le feu s'est alors ranimé", aucune virgule, aucune ponctuation, aucune pause. Sans amour, Éluard est dans l'obscurité, il a besoin de la femme solaire pour l'éclairer. A peine connue, c'est une nouveau départ "la solitude était vaincue", "la vie avait un corps". Eluard a désormais un nouveau guide. Parmi les stéréotype éluardien, l'image de la femme associée à la lumière, symbole de pureté, de majesté, de beauté. La rencontre avec la lumière s'assimile à la rencontre amoureuse, "j'allais vers toi j'allais sans fin vers la lumière". Plusieurs d'images d'Eluard associent la femme à la chaleur et au soleil dissipateur des ténèbres ou des brouillards, "le feu", "le rayon de tes bras entrouvraient le brouillard". Outre la femme métaphore du soleil, on retrouve l'image de la femme-enfant synonyme de pureté, et celle de la femme-nature. Par une fusion entre la nature et la femme, certaines parties du corps, souvent les mêmes dans toute la poésie éluardienne, font l'objet de comparaison avec le paysage, "Ta bouche était mouillée des premières rosées".  Éluard idéalise le sentiment amoureux, l'amour et la femme ont tous les pouvoirs. Tout d'abord, ils sont forces de vie, "le repos ébloui remplaçait la fatigue", c'est-à-dire qu'ils ont le pouvoir de donner ou régénérer la vie en lui donnant un sens, en donnant une motivation à la vie. Eluard multiplie les parallélismes entre la femme et la nature "Tu es venue le feu s'est alors ranimé", " Et la terre s'est recouverte". L'amour est devenu une nécessité vitale pour Éluard, lui assurant sa présence au monde, lui donnant vie. L'amour a un pouvoir infini sur la mort et l'absence. En fait, Éluard nous dit que le sentiment amoureux est sans doute le seul remède à la souffrance et au chagrin et qu'il est un élément essentiel à la quête spirituelle d'un bonheur durable. L'amour, seconde partie du titre occupe toute la seconde strophe.

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