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SIMBAD

Le voyage pour moi ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comble de connaitre sans cesse autre chose. C'est demain, éternellement demain ...

Quand tu viens - Else Lasker-Schüler

Publié le 25 Avril 2011 par SIMBAD in POETES & POEMES ( Poetë & Poezi )

Pablo Neruda - Nue

QUAND TU VIENS

Voulons-nous cacher le jour dans le calice de la nuit,
alors nous aspirons vers la nuit.
Nos corps sont étoiles d'or,
qui veulent s'embrasser-s'embrasser.

Sens-tu le parfum des roses ensommeillées
sur les herbes sombres -
ainsi devra être notre nuit.
Nos corps d'or veulent s'embrasser.
Toujours je sombre de nuit en nuit.
tous les cieux fleurissent denses de notre amour flamboyant.
S'embrasser veulent nos corps, s'embrasser - s'embrasser.

Je t'aime - Paul Eluard

MA CHANSON D'AMOUR

Comme une fontaine céleste
bruit mon sang,
toujours de toi, toujours de moi.
dansent mes rêves dénudés et en quête ;
enfants somnambules,
doucement dans les recoins obscurs.

O, tes lèvres sont du miel...
l'odeur enivrante de tes lèvres...
et d'ombelles bleues t'entourant d'argent
tu souries...toi, toi.
toujours le ruissellement qui serpente
sur ma peau
sur les épaules s'en va -
j'épie...
comme une fontaine céleste

bruit mon sang.

Else Lasker-Schüler

ELSE LASKER-SCHÜLER demeure l’une des figures les plus énigmati ques et les plus tragiques de la vie artistique allemande du début du siècle dernier. Liée à la bohème des cafés de Berlin, amie des poètes et des peintres, sa vie se confond avec celle de l’avant-garde de l’époque. Deux recueils, remarquablement traduits, Le Malik, qui rassemble les lettres échevelées, tissées de rêves et d’angoisses, qu’elle adressait à ses amis, et un volume de poèmes, Mon piano bleu, permettent d’entrevoir la richesse de son oeuvre. Considérée, dès le début des années 20, comme une figure de proue de l’expressionnisme, Else Lasker-Schüler est l’auteur de drames où se mêlent une sensibilité déchirée et une dimension mystique. Ses splendides poèmes, où se confondent Berlin et Jérusalem, la rendirent célèbre. Mais sa vie, très tôt transformée en légende, est devenue emblématique de la symbiose judéo-allemande et de son destin. De cette créature de rêve, évoquée souvent comme une apparition fantomatique, l’existence se confond avec l’oeuvre. Née à Elberfeld, le 11 février 1869, au sein d’une famille juive assimilée, elle rompit avec la vie bourgeoise après l’échec de son premier mariage. Passionnée par la peinture, elle étudia à l’atelier de Simon Goldberg à Berlin, se lia avec le cercle de poètes de Peter Hille et publia Stryx, son premier recueil de poèmes. La beauté de son style, l’étrangeté de ses images surprirent. Elle partagea bientôt l’existence de Herwarth Walden, surtout connu comme éditeur de la revue expressionniste Der Sturm et fondateur de la galerie du même nom. Walden fit se rencontrer à Berlin toute l’avant-garde européenne. C’est lui qui fit venir dans la capitale Kokoschka et Chagall. La pièce d’Else Lasker-Schüler Die Wupper demeure l’un des drames les plus représentatifs de cette époque. En 1912, elle se lia avec Gottfried Benn, auteur du célèbre recueil Morgue et autres poèmes. L’année suivante, elle voyagea à Saint-Pétersbourg et à Moscou. Hostile à la guerre, elle se réfugia en Suisse, fréquentant pacifistes et dadaïstes. C’est au début des années 20, avec la mise en scène de son drame par Max Reinhardt et la publication de six volumes de poèmes, qu’elle devint réellement célèbre. On exposa aussi ses dessins. Admirée, elle scandalisait par son style de vie insolite : sans domicile fixe, vivant en sous-location ou dormant sur les bancs des gares. A tous ses amis, elle donnait des surnoms mythiques. Franz Marc était le Cavalier bleu, Karl Kraus le Dalaï-Lama, Gottfried Benn Giselheer le Barbare. Elle-même se désignait comme Prince de Thèbes, Tino de Bagdad, maquillait les données réelles de sa vie. Qualifiée de « juive pornographique » par les nazis, elle émigra en Suisse, en 1933, avant de se fixer en Palestine, en 1939. Le rêve de Jérusalem s’effondra en partie contre la réalité conflictuelle qu’elle y découvrit. Elle y lira ses oeuvres mais fera aussi scandale par son peu d’attachement à la religion. Elle refusa que l’on traduisît ses poèmes en hébreu, les jugeant « assez juifs » en allemand. Son recueil Mon piano bleu parut en 1943, à trente-trois exemplaires, et son dernier drame, Ich und Ich (« Je et je »), suscita des appréciations contradictoires : apothéose d’un destin ou oeuvre d’une démente ? Else Lasker-Schüler s’éteignit le 22 janvier 1945 et fut enterrée sur le mont des Oliviers. Plus d’un demi-siècle a été nécessaire pour qu’elle retrouve sa place dans l’histoire de la littérature, dans le firmament de cette culture de Weimar dont elle fut l’une des plus étranges étoiles.

Jean-Michel Palmier.

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