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SIMBAD

Le voyage pour moi ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comble de connaitre sans cesse autre chose. C'est demain, éternellement demain ...

Primo SHLLAKU - Poète Albanais

Publié le 18 Novembre 2008 par SIMBAD in POETES & POEMES ( Poetë & Poezi )

Primo-Shllaku-Foto-Vasil-QESARI.jpg 
( Photo de Vasil Qesari – Bordeaux, octobre 20008 )


Descendant d'une famille d'artistes et de chercheurs reconnus, et de ce fait disgraciée par le régime dictatorial, Primo préféra se maintenir dans l'ombre pour ne pas avoir à subir, lui aussi, la persécution. Il fit néanmoins pendant vingt ans le petit maître de campagne, s'affrontant à des conditions de vie particulièrement défavorables. Féru de langues étrangères et de culture classique et moderne, il succombe lui aussi au "gène" de la famille et écrit des vers, qu'il prend bien soin de ne pas montrer. À la chute de la dictature, il en profite pour s'évader en Grèce, où il vit toujours et gagne sa vie comme enseignant de français. Dès la publication de son premier volume, Fleurs nocturnes (1994), il devient le poète admire de la jeune génération et certains même l'identifient à un nouveau Baudelaire albanais. Ses deux volumes ultérieurs confortent sa notoriété, en révélant un poète mûr et sûr de ses moyens.


Je-t-aime.jpg

JE T'AI AIMÉ 


Je t'ai aimée...
L'amour n'a pas de présent,
L'amour n'a pas d'avenir,
Il n'a que le passé :
Je t'ai aimée.

L'amour est libre comme une main sur le sable.
L'amour est aveugle et débarrassé de la peau.
L'amour est dément comme une main sur la chair.
L'amour meurt quand les mots s'achèvent.
L'amour meurt quand les plaies guérissent.
L'amour est impatient de tout recommencer.

L'amour croit tout,
L'amour espère tout,
L'amour ravale tout,
L'amour pardonne tout,
L'amour habite les mains...

Je t'ai aimée...
L'amour n'a pas de présent,
L'amour n'a pas d'avenir,
Il n'a que le passé :
Je t'aurai donc aimée ...


LA VILLE


Dieu dit: Que la ville soit.
Et la Ville fut.
Dieu dit : Qu'il y ait des censeurs.
Et pendant trois jours et trois nuits
il plut une exécrable pluie de crabes.
Puis Dieu gronda : Que les chèvres paraissent.
Et cela fut ainsi.
Monsieur Seguin vit que cela était bon,
et il y eut l'expression : la Chèvre de Monsieur Seguin.
Dieu ordonna de trancher la tête à la Ville.
La Ville musclée s'en tira à bon compte
n'ayant pas de cou.
En pâtit la ville de Modigliani
son cou étant trop long.
Dieu envoya sur terre les cardiaques
et ensuite
tout un arsenal de manucures mauves.
Dieu murmura : Que les poètes soient
et il tomba du ciel un cactus
qui produit des pommes.


sang-de-mon-coeur.jpg

UNE PLAIE


Voilà, ceci était mon sang.
L'instant d'avant il courait dans mon cœur.
Prend ce sang et mets-le sur ton ciel
comme un soleil.
Si ça ne marche pas,
mets-le comme une lune.
Si ça ne marche toujours pas, mets-le tel qu'il est,
comme du sang
qui l'instant d'avant
courait dans mon cœur
et c'est peut-être là qu'il a vu,
dans les ténèbres rouges,
tes yeux
pleins de lumière.


( Poèmes traduits de l'albanais par Ardian Marashi )

 

 

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